EUR/USD : tensions commerciales et désinflation pèsent sur le dollar

BCE-Fed : vers une réduction de l’écart de politique monétaire

L’euro poursuit son redressement initié à la mi-mai, franchissant à nouveau la barre symbolique des 1,14 dollar, porté par un alignement de facteurs monétaires et géopolitiques qui favorisent un affaiblissement du billet vert. À court terme, la monnaie unique se rapproche de son sommet d’avril à 1,1573 $, un niveau qui n’avait plus été observé depuis trois ans. Cette dynamique haussière repose avant tout sur l'anticipation d’une diminution de la divergence de politique monétaire entre la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine.

Les dernières déclarations de plusieurs membres du Conseil des gouverneurs de la BCE suggèrent que la phase de baisse des taux amorcée à l'été 2024 — avec déjà huit réductions successives — pourrait marquer une pause. La banque centrale semble vouloir évaluer l'impact cumulé de ces assouplissements, d’autant que l’inflation est revenue à 1,9 %, sous l’objectif des 2 %. Parallèlement, l’activité économique montre une résilience inattendue : la croissance du PIB au premier trimestre a atteint 0,6 %, soit son rythme le plus rapide depuis début 2022, portée notamment par l’Irlande, l'Allemagne et l’Espagne.

Outre-Atlantique, le ralentissement de l’inflation américaine alimente les attentes d’un pivot imminent de la Fed. L’indice des prix à la consommation (CPI) de mai a progressé de seulement 0,1 % sur un mois, tant en données globales que sous-jacentes, en deçà des prévisions. Ce signal de désinflation accroît la probabilité d’une première baisse des taux dès septembre, comme l’anticipe désormais une majorité d’opérateurs de marché. Résultat : le dollar perd de son attrait relatif, d’autant plus que sa prime de taux, longtemps un facteur de soutien, s’effrite.

Graphique hebdomadaire du cours de l’EUR/USD - niveaux clés

Tensions protectionnistes et signaux industriels soutiennent l’euro

À cela s’ajoute un renforcement des incertitudes commerciales. Trump a annoncé son intention d’envoyer d’ici deux semaines des lettres formelles à plusieurs partenaires commerciaux pour établir des droits de douane unilatéraux, visant à faire pression en vue d’accords bilatéraux. Une telle perspective réactive les craintes d’un retour des tensions protectionnistes, réduisant l’attrait du dollar comme valeur refuge.

Techniquement, l’EUR/USD conserve une structure haussière claire. Après avoir dépassé une résistance de long terme autour de 1,12 $ en avril, la paire a connu un repli technique en mai vers cette ancienne zone charnière, désormais support. Le rebond depuis ce niveau conforte le scénario d’une reprise de tendance, avec des cibles potentielles à 1,17 $, voire 1,20 $ à moyen terme. Cette configuration est renforcée par des signaux positifs en provenance du cycle industriel mondial : le secteur des semi-conducteurs européens, à l’image de STMicroelectronics, se redresse, et l’indice industriel du S&P 500 vient d’inscrire un nouveau sommet historique — un indicateur avancé de l’accélération potentielle de l’économie mondiale, historiquement favorable à l’euro.

Entrée : Achat au-dessus de 1,14$

Objectif : 1,17$, puis 1,20$

Stop : 1,12$

Risque/Rendement : >1

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