Achat LVMH : L’étau se resserre sur le géant du luxe

L’action LVMH forme un « triangle symétrique » à court terme

L’action LVMH se stabilise depuis plusieurs semaines après avoir fortement rebondi entre août et octobre, passant d’un point bas proche de 450€ à environ 650€. Ce mouvement a marqué un changement de régime clair après plusieurs mois de décompression, mais le marché semble désormais hésiter sur la suite à donner. Le titre consolide sous une oblique baissière de long terme, issue des principaux sommets depuis le pic de début 2024 autour de 885€, une zone naturellement propice aux prises de bénéfices. Mais l’étau se resserre depuis plusieurs semaines, le cours évoluant dans un triangle symétrique, une phase de compression typique des marchés en attente d’un signal directionnel plus lisible.

Une sortie par le haut de ce triangle ouvrirait la voie à une poursuite du retournement amorcé à la fin de l’été, cohérent avec la formation du rounding bottom cet été. Ce scénario supposerait toutefois une amélioration du contexte macroéconomique global, en particulier sur le front asiatique. Le ralentissement de la consommation chinoise s’est révélé plus marqué qu’anticipé ces derniers mois, en particulier en novembre, pesant directement sur le secteur du luxe. Mais ce ralentissement accroît aussi la probabilité d’une réponse politique plus appuyée. Les autorités chinoises reconnaissent désormais ouvertement l’insuffisance de la demande domestique, ce qui rend crédibles de nouvelles mesures de soutien ciblées sur la consommation. Pour le marché, l’enjeu n’est pas tant l’ampleur de la relance que le signal envoyé. Un changement de posture suffirait à raviver les anticipations et à redonner de la valeur optionnelle aux titres exposés au cycle chinois.

Graphique journalier du cours de l’action LVMH - niveaux clés

La sortie du triangle portera un message « macro »

À l’inverse, une cassure par le bas du triangle remettrait en cause la dynamique de reprise observée depuis l’été. Une telle configuration ouvrirait la voie à un retour vers la ligne de cou du rounding bottom, située autour de 500€. Au-delà du simple signal technique, ce mouvement serait interprété comme un message plus large sur l’état de la consommation mondiale. Si cette faiblesse devait se diffuser à l’ensemble des valeurs du luxe, le marché y verrait le signe que la normalisation post-Covid est encore incomplète et que le pouvoir de fixation des prix atteint ses limites dans un environnement de croissance molle.

Sur le plan fondamental, LVMH reste une valeur de qualité structurellement bien valorisée, mais le niveau actuel apparaît moins exigeant qu’il ne l’a été historiquement. Le titre se traite autour de 21 fois les flux de trésorerie disponibles, contre une moyenne de long terme proche de 29 fois. Autrement dit, malgré un rebond d’environ 40% depuis les plus bas de l’été, le marché n’a pas reconstitué l’intégralité de la prime qu’il accordait auparavant au groupe. Cette décote relative traduit une forme d’attentisme. Les investisseurs reconnaissent la solidité du modèle, la diversification des activités et la capacité à générer du cash, mais attendent un éclaircissement macroéconomique, notamment en Chine, pour accepter de payer à nouveau le plein multiple. Tant que cette visibilité fera défaut, LVMH restera probablement coincée entre son statut de valeur refuge de la cote parisienne et celui de baromètre avancé de la consommation mondiale.