Le marché anticipe le pire alors que BNP reste structurellement solide
L’action BNP Paribas a subi une lourde correction le 20 octobre après la décision d’un jury fédéral new-yorkais la jugeant complice d’exactions au Soudan. Le verdict prévoit 20,75 millions de dollars de dommages et intérêts pour trois plaignants, mais l’enjeu dépasse de loin ce montant : cette décision pourrait servir de précédent et ouvrir la voie à des réclamations massives totalisant plusieurs milliards. Le marché, qui raisonne toujours en probabilité, intègre donc une prime de risque élevée en attendant le verdict final. BNP a immédiatement annoncé faire appel, estimant la décision contestable et non généralisable, ce qui laisse la porte ouverte à un retournement de perception si l’appel lui est favorable.
Sur le plan fondamental, la décote est frappante. Le titre se traite à environ 0,7 fois ses fonds propres tangibles, soit le niveau de Société Générale malgré une rentabilité nettement supérieure et un profil de risque mieux diversifié. Les grandes banques européennes comparables — Santander, Intesa Sanpaolo, Deutsche Bank — s’échangent à des multiples bien plus élevés. Ce différentiel de valorisation traduit moins une faiblesse structurelle qu’un déséquilibre temporaire dans le rapport de force entre prudence judiciaire et confiance fondamentale.