L’action LVMH lâche plus de 15 euros à 24h de ses résultats annuels

Habituées du podium du CAC 40, les valeurs du luxe sont fortement sanctionnées depuis la fin de la semaine dernière. La propagation du coronavirus de Wuhan – qui paralyse déjà une partie de l’économie chinoise – et menace de s’étendre à une échelle plus internationale – a plongé le secteur et les « khols » (LVMH, Kering, L’Oréal et Hermès) dans le rouge ce lundi.

La plus importante capitalisation du CAC 40, LVMH, s’est repliée de 3,19% sur cinq séances. En décrochage de 3,68% ce lundi à la bourse de Paris, son titre a terminé à 401 euros alors qu’il avait touché un pic à 439,05 euros il y a une dizaine de jours. Il a perdu plus de 15 euros en une seule séance.

Sur un indice en berne de 2,68% aujourd’hui, le comblement de ce gap dépendra principalement des avancées du dossier du coronavirus. Dans ce contexte, il reste délicat de prédire à quel point l’action LVMH pourrait récupérer ses pertes mercredi matin si la publication de ses résultats annuels la veille au soir satisfait les investisseurs.

Prévisions du consensus S&P

Les prévisions du consensus des analystes relevé par S&P anticipent pour 2019 de LVMH un chiffre d’affaires de 53,4 milliards d’euros et un résultat net proche de 7,4 milliards d’euros pour un bénéfice net par action de 14,5 euros – soit une croissance de CA supérieure à celle de 2018 mais un peu inférieure en termes de bénéfices.

Les marchés naviguent à vue, comme le reflète le haut degré de volatilité : son indice américain, le Vix, a bondi de plus de 22% aujourd’hui, à 17,85. Cette baisse assez brutale des actions intervient après un spectaculaire rallye de plusieurs semaines. A la première « nouvelle » positive sur l’évolution de la situation sanitaire, investisseurs et traders pourraient tout aussi bien corriger le tir de leurs ventes massives de ce lundi.

LVMH a connu une année 2019 exceptionnelle, en particulier boursière : sur le CAC 40, l’action a progressé de 60,4%, signant la deuxième meilleure performance de l’indice parisien après STMicroelectronics. Le titre a été à la fois porté par l’insolente croissance des ventes du groupe, par l’annonce du rachat du joaillier américain Tiffany, et par un Santa Rallye célébrant avec avidité le premier accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis.

Au premier semestre, le résultat net de LVMH a ainsi augmenté de 9% (3,26 milliards d’euros) par rapport à la même période en 2018. Sur les neufs premiers mois de l’année, ses ventes ont progressé de 16 % (près de 3,92 milliards d’euros). Grâce à la « dynamique remarquable » de son vaisseau amiral, Louis Vuitton, et de Christian Dior, le segment mode et maroquinerie - première source de revenus du groupe (39% en 2018), a bondi de 18 % sur cette période.

La dernière partie de l’année est cependant attendue comme la plus délicate : la poursuite du conflit à Hong Kong entre les partisans pro-démocratie et le gouvernement, qui a fait chuter les ventes locales de LVMH d’environ 25% au troisième trimestre, devrait encore grever ses résultats sur la période octobre-décembre.

Mais avec la mainmise sur Tiffany, l’une des marques de joailleries les plus emblématiques au monde, investisseurs et analystes sont jusqu’à présent restés très positifs sur le titre LVMH et son compte de résultat. Dans le courant du mois de janvier, RBC a relevé son objectif de cours à 460 euros contre 415 euros auparavant, à « surperformance ». Bernstein a passé le sien de 420 à 475 euros. Si la « crise » du coronavirus se poursuit, l’action n’est toutefois pas à l’abri d’une dégradation d’objectif, voire de recommandation.

Analyse graphique de LVMH en données journalières

Le cours de l’action LVMH abandonne maintenant plus de 8% depuis le début de la crise sanitaire lié au Coronavirus et bien que les résultats annuels pourraient une nouvelle fois être satisfaisants, le titre devrait rester sous pression à court terme.

Graphiquement nous surveillerons la cassure des 38,2% de Fibonacci situé sur le seuil des 400 euros car cela pourrait conduire à une poursuite de la tendance en direction de la moyenne mobile 100 périodes à 391€, voire à un test des 50% de Fibonacci à 388,67 euros, correspondant à un support oblique déjà testé à plusieurs reprises en 2019.

La cassure de ce dernier pourrait amener à une accélération de la tendance sur le cours de l’action LVMH.

Analyse technique : Vincent Boy