Française des Jeux (FDJ) : à 16,5-19,9€ l’action, une opération intéréssante mais un peu chère

Le ministre de l’Economie et des Finances français, Bruno Le Maire, a déclaré hier soir dans Le Parisien que la fourchette de prix de l’action Française des Jeux (FDJ) pour son introduction en bourse le 21 novembre était fixée entre 16,5 € et 19,9€ l’action. L’entreprise devrait être ainsi valorisée entre 3,15 et 3,8 milliards d’euros.

L’Etat devrait céder un maximum de 99 320 000 actions, représentant 52% de son capital social de la FDJ (et en conserver 20%), ce qui lui devrait lui rapporter entre 1,6 et 1,9 milliard d’euros lors de son introduction en bourse, sans la décote de prix de 2% qui sera offerte aux investisseurs particuliers.

Pour s’assurer du succès de son opération auprès du grand public, Bercy a pris soin de lui proposer un package a priori attractif : en plus d’une réduction de 2% sur le prix final de son introduction en bourse, la onzième action est offerte pour dix souscrites… sachant toutefois qu’un minimum de 200 euros d’investissement est demandé, ce qui représentera donc – vu la fourchette de prix actuelle et la décote – l’achat d’un portefeuille de 10 à 13 actions FDJ minimum.

Dans ces conditions, l’opération de la FDJ est-elle intéressante pour tout le monde ?

Pour l’Etat français, très certainement. Cette introduction en bourse représente une bonne affaire : cette privatisation va lui permettre de récupérer de l’argent frais tout en continuant de profiter de sa principale source de revenus : les recettes fiscales et sociales que lui versent la FDJ sur ses gains, soit environ 3,5 milliards d’euros chaque année. L’Etat continuera en outre de percevoir les dividendes sur les 20% du capital qu’il conserve, avec un taux de redistribution égal à 80% du résultat net de la FDJ (selon la documentation fournie par l’AMF). Sans compter que la FDJ devra verser à la France 380 millions d’euros d’ici à juin 2020 afin de conserver son monopole, qui ne prendra fin que dans 25 ans.

Pour les investisseurs particuliers, notre équipe d’analystes marché en France estime qu’acheter des actions FDJ représente une diversification intéressante à apporter dans un portefeuille boursier, même si la fourchette de prix proposée est jugée un peu cher – et que la valeur de l’action pourrait se déprécier si lors de son introduction en bourse, l’indice parisien est en plein rallye.

« Acquérir des actions de la FDJ peut être intéressant pour diversifier son portefeuille d'actifs. Les jeux d’argent sont un secteur très rentable, quasi-non concurrentiel et la FDJ est une société mature qui y intervient en situation monopolistique. Elle représente donc une bonne valeur de rendement », observe Alexandre Baradez, notre responsable de l’analyse marché.

« Mais si l’entrée en bourse de fait en haut de cycle, il y a le risque d’une vague de correction. Notre conseil est d’attendre quelques semaines, voire quelques mois afin d’observer comment la Française des Jeux est accueillie par les traders et investisseurs, même si, en agissant ainsi, on se prive de la décote de 2% offerte par l’Etat ».

Un rendement de l'action un peu décevant

En outre, la fourchette de prix proposée par l’Etat n’est pas particulièrement une bonne affaire, même si la onzième action gratuite et la décote de 2% vont doper au départ le rendement de l’action.

En observant le prospectus de la FDJ rendu à l’AMF dans le cadre de sa demande d’introduction on peut y voir que le dividende au titre de l’exercice 2019 devrait être de 122M€ pour un nombre total d’action composant le capital de 191 millions. Cela correspond donc à un dividende d’environ 63 cents par action et équivaut à un rendement compris entre 3,17 – 3,82% ce qui nous parait peu élevé.

« En effet la FDJ n’est pas une société de croissance et le rendement du dividende nous parait plus important que l’évolution du cours de bourse. A titre d’exemple, la société de loterie Grecque, introduite en bourse il y a plusieurs années, montre un rendement annuel moyen compris entre 7 et 9% », note Vincent Boy, notre analyste marché.

Si l’évolution du cours de bourse est également une source de bénéfices, dans ce type de secteur, le rendement induit par la distribution du dividende est plus important : « celui de la FDJ nous parait bien inférieur à ce que nous attendions, surtout dans un environnement de marché ou les valorisations sont gonflés depuis plusieurs années et à une période où les risques de récession existent ».

Revue de presse : les dernières interventions presse de nos analystes sur l’IPO de la Française des Jeux

• FDJ : quels avantages pour les particuliers en achetant des actions ? RMC, 7 novembre
• Française des Jeux : le prix de l’action est connu, faut-il l’acheter ? Capital, 7 novembre
• Les bonnes questions à se poser avant d’acheter des actions de la FDJ, L’Internaute, 6 novembre
• Action FDJ : faut-il se précipiter ? MoneyVox, 6 novembre
• Française des Jeux : le bilan peu flatteur des précédentes privatisations, Les Echos, 5 novembre
• L’Etat veut faire de la privatisation de la Française des jeux un succès « populaire », Le Monde, 4 novembre
• Privatisation de la Française des Jeux : faut-il investir ? Le Parisien, 1^er novembre