Après la dégradation « surprise » de S&P Global, une interrogation sur Moody’s vendredi 

Ce sera au tour de Moody’s d’annoncer son verdict vendredi mais ce rendez-vous soulève une question : est-ce que l’agence se contentera simplement d’abaisser sa perspective ? Ou abaissera-t-elle directement la note de la France ?

Il est bon de rappeler que chez Moody’s, la France bénéficie de la note Aa3 assortie d’une perspective « stable ». Dans un rythme progressif d’ajustement, une agence de notation abaisse d’abord la perspective, la faisant passer de « stable » à « négative », puis dans un second temps, décide de dégrader la note si aucune amélioration des perspectives n’est constatée.

Mais vendredi, Moody’s pourrait parfaitement décider de sauter l’étape de l’abaissement de la perspective et passer directement à la dégradation de la note. En effet, une agence de notation peut abaisser une note de crédit sans modifier les perspectives au préalable. S&P, Moody's ou Fitch peuvent abaisser une note en raison d'événements soudains (comme des difficultés financières, des changements de politique ou des chocs de marché) sans ajuster au préalable les perspectives.

La probabilité de ce scénario s’est renforcée après l’annonce de S&P Global vendredi soir, tombée un mois avant la date prévue. L’urgence de S&P Global à abaisser la note va potentiellement mettre la pression sur Moody’s, surtout après l’enchaînement des dégradations ces dernières semaines.

La décision S&P Global vendredi soir a provoqué un léger rebond des taux souverains de la France lundi matin et un petit élargissement du spread OAT-Bund à 80 points de base, l’écart entre les taux à 10 ans de la France et de l’Allemagne.

Le CAC40 a été peu sensible à cette nouvelle dégradation et a même progressé dans les premières heures d’échanges de la journée, toujours tiré par le rebond des valeurs du luxe et par la petite détente des propos de Donald Trump envers la Chine, le président américain indiquant en fin de semaine dernière qu’il souhaitait toujours rencontrer son homologue chinois en Corée du Sud dans quelques jours. Le CAC40 est seulement passé dans le rouge avec la chute de l’action BNP Paribas, après une condamnation de la banque aux Etats-Unis.

Doit-on pour autant en conclure que les investisseurs sur le CAC40 ont définitivement mis derrière eux le stress liés aux questions budgétaires et politiques ? Rien n’est mois sûr…la suspension temporaire de la réforme des retraites à des fins d’apaisement politique n’apporte pas de réponse pérenne à la trajectoire des déficits. Les marchés vont surveiller avec attention les débats sur le texte du budget 2026, qui arrive aujourd’hui à l’Assemblée.