Si on en vient à un Brexit dur, le pays aura déjà probablement fait face à un certain nombre d’agitations politiques, les partis seraient ébranlés et la pression pour une nouvelle élection serait accrue.

Il y aurait de l’inflation. Les prix dans les magasins pourraient facilement gonfler de 5% à cause des droits de douane sur les importations alimentaires. Cela ne paraît pas beaucoup mais ce n'est pas anodin si les revenus n’augmentent que d’1,8%, surtout pour les personnes aux revenus faibles et qui ne disposent pas d’épargne.

Cela alimenterait une réelle hostilité entre l’Union européenne et le Royaume-Uni et cela provoquerait probablement la chute du gouvernement en place. À son tour, cela mènerait à une période inédite d’isolement du Royaume-Uni en Occident. Les Britanniques ont toujours été ambivalents vis-à-vis de l’Union européenne. En cas de Brexit sans accord, cela génèrerait toutes sortes de répercussions. Le pays serait persona non grata pour un moment. Mais les principaux acteurs concernés étant des démocraties, il n’y aurait pas de violence ou de répression.

Un Brexit sans accord aurait un effet important en premier lieu sur la confiance – commerce, investisseurs, consommateurs – et cela agirait en effet Pygmalion sur les difficultés économiques. La perte des avantages commerciaux et financiers qu’offre le marché unique aurait des conséquences majeures pendant des années.

En cas de non accord, il est probable que l’inflation augmente et qu’il y ait un choc économique mais ça n’aurait pas lieu du jour au lendemain. J’ai du mal à imaginer que les avions s’arrêtent de voler ou que les poids lourds attendent soudainement des heures pour traverser le tunnel sous la Manche. Mais la croissance globale, déjà la plus lente des pays de l’OCDE après 2017, prendrait un nouveau coup et passerait peut-être au négatif. On ne sait pas si tout cela pourrait mener à un changement d’opinion sur le Brexit, mais il y aurait moins de revenus disponibles et une montée de l’inquiétude concernant l’avenir. Les anti-Brexit seraient encore plus pessimistes. Dans l’agriculture, des machines pourraient cueillir les récoltes à la place des gens. Si les Britanniques ne sont pas prêts à le faire pour 7,50 £ de l’heure et que les producteurs veulent toujours vendre leurs produits, ils devront investir dans des machines. Il en sera de même pour la confection des burgers ou le service des cafés. Mais c’est en général moins cher d’employer des gens.

La livre sterling plongerait brusquement. Cependant, ce ne serait pas un scénario surprise. Cela deviendrait de plus en plus évident à mesure que les jours passeraient sans solides négociations. Il y a une date limite bien avant la date finale de l’accord convenue par le Royaume-Uni et l’Union européenne. Cette dernière peut donc estimer si elle dispose de suffisamment de temps pour examiner en profondeur les propositions britanniques et les soumettre au vote. En outre, la perte de l’accès au marché unique – et en l’absence d’un accord alternatif comparable – entraînerait un détournement important des capitaux de l’Europe vers le Royaume-Uni. Cela se traduirait par une offre globale beaucoup moins élevée pour la livre. On peut aussi s’attendre à ce que la livre sterling tende à baisser pendant les mois précédant le Brexit.

Ce qui est intéressant lorsque l’on demande « quelles devraient être les priorités principales dans les négociations européennes ? » c’est que les gens parlent continuellement de l’immigration. Le fait que la majorité de l’immigration vienne de l’extérieur de l’Union européenne préoccupe peu les gens et il y a peu de chance qu’ils changent d’avis.

Les expatriés européens quitteraient le Royaume-Uni. Jusqu’à présent, leurs droits étaient garantis par l’Union européenne. Ils feraient subitement face à une situation inédite et que le monde n’a jamais connue auparavant. Certains pourraient perdre des biens et les familles seraient divisées.