Les valeurs « vertes » profitent de l’avance de Joe Biden dans les sondages de la présidentielle américaine

La progression de Joe Biden dans les sondages de la prochaine élection américaine profite aux actions du secteur des énergies propres aux Etats-Unis, observe le Wall Street Journal.

Le quotidien américain note que les indices et ETF adossés aux valeurs de l’énergie propre ont le vent en poupe à la bourse de New York depuis le début de l’été, portés par la progression du candidat démocrate dans les enquêtes d’intention de vote à la présidentielle américaine, actuellement en tête de neuf points par rapport à son rival Donald Trump.

Le WilderHill Clean Energy Index, qui rassemble des entreprises cotées à New York du secteur de la filière « verte », a ainsi grimpé de 33% depuis le début du mois de juillet pour atteindre hier un plus haut de neuf ans.

Si la présence de Tesla dans l’indice y est pour beaucoup (l’action Tesla a grimpé de quelque 75% ces sept dernières semaines), ses autres composants ont aussi profité d’une belle envolée : First Solar et Air Product & Chemicals, deux autres poids lourds de l’indice, se sont respectivement appréciés d’environ 25% et 17% sur cette période.

Une belle hausse estivale pour l’ETF Global Clean Energy

Même tendance pour l’ETF iShares Global Clean Energy, qui réplique les performances des valeurs du secteur cotées sur le S&P 500 – parmi lesquelles SolarEdge Technologies, Sunrun et Plug Power, a également progressé de près de 30% en deux mois. Depuis le début de l’année, la valeur de ses actifs sous gestion est passée de 431 millions de dollars à 1,2 milliards de dollars.

L’éventualité de l’arrivée de Joe Biden au Bureau Ovale – dont le projet politique est, à tous les égards, bien plus favorable au développement d’une économie décarbonée que celui de Trump – entraîne depuis plusieurs semaines Wall Street à parier davantage sur l’économie « verte » et les énergies renouvelables qu’il y a quelques mois.

2000 milliards de dollars promis contre le changement climatique

« Une victoire de Joe Biden donnerait un gigantesque élan à la transition » vers une économie à faible émission de carbone, a déclaré Simon Webber, gérant actions chez Schroders au Wall Street Journal. « Les perspectives de croissance des véhicules électriques, des énergies renouvelables, de l'hydrogène, du stockage de batteries et de nombreuses autres industries seraient turbocompressée .»

La tendance prend de l’ampleur depuis le début de l’été « car une plus grande partie du marché commence à prêter attention » à l’échéance électorale de la présidentielle américaine, considère pour sa part Maw Anderl, responsable marchés actions chez UBS Asset Management.

Le candidat démocrate a en effet promis d’investir quelque 2000 milliards de dollars dans la lutte contre le changement climatique s’il parvient à décrocher la présidence des Etats-Unis. Son plan ambitionne entre autres de décarboner l’énergie américaine d’ici à 2035 et d’accélérer le développement des véhicules électriques, une aubaine pour l’éolien et le solaire - parties prenantes de leurs chaînes de production, les deux filières bénéficieraient directement de ces investissements.

Donald Trump ou la politique anti-climat

En somme, l’exact contrepied de la politique suivie par l’actuel locataire de la Maison Blanche, dont l’une des premières mesures lors de son arrivée à Washington fut de retirer les Etats-Unis de l’Accord de Paris. Au-delà du symbole diplomatique, Donald Trump n’aura pas cessé d’agir durant son mandant, frontalement et violemment, contre toute tentative d’endiguement du réchauffement climatique, au profit de l’industrie des énergies fossiles.

Pour ne citer qu’une poignée d’exemples, le 45^e président des Etats-Unis a ainsi abrogé dès 2017 le Clean Power Plan, qui devait abaisser la part du charbon dans le mix énergétique du pays, puis démonté en avril 2019 le Clean Clear Act, l’une des premières lois environnementales américaines visant à protéger la qualité de l’eau, en réduisant drastiquement le nombre de cours d’eau sous protection fédérale.

Donald Trump a aussi réduit significativement la superficie protégée de certains National Monuments (l’équivalent de nos parcs naturels régionaux), en particulier le Bear Ears (-85% !), classé par son prédécesseur Obama en décembre 2016, et le Grand Staircase-Escalante (-46%) dans l’Utah, pour ouvrir la voie à de possibles exploitations minières dans des zones riches en gisements de charbon et réserves d’uranium.

Dans la même veine, le président américain a approuvé cette semaine un programme permettant l’exploration de gisements pétroliers et gaziers dans la plus grande zone protégée des Etats-Unis, en Alaska.

Même si Joe Biden ne tient qu’une partie de ses promesses, il semble évident que sa mandature changera la donne pour la filière verte. Sam Arie, analyste d’UBS, considère que son élection devrait tout simplement permettre aux industrie des énergies éolienne et solaire de doubler rapidement leurs bénéfices.

L’investissement « vert », une tendance de fond qui s’accélère depuis deux ans

Clairement, la carte Biden a creusé l’appétit de Wall Street pour les green companies ces dernières semaines. Mais en réalité, leurs valorisations sur les marchés financiers avaient déjà pris une belle tangente haussière depuis 2019 : ces actions ont significativement grimpé à partir de l’année dernière, séduits par les derniers développements industriels du secteur, mais prenant aussi la mesure d’une déroutante accélération des effets du changement climatique.

L’index Renixx, qui regroupe les 30 entreprises des énergies renouvelables les plus importantes du monde (comme le Français Albioma spécialiste de la biomasse en Guyane, en hausse de 55% depuis le 1er janvier, SMA Solar Technologies et Nordex en Allemagne, Siemens Gamesa en Espagne, et toujours Tesla et First Solar), a très rapidement comblé son gap baissier du krach boursier du mois de mars. Il sera bientôt en passe de tripler sa valorisation depuis le mois de janvier 2019.